Monday, February 26, 2007

Danser et écrire : deux raisons de vivre

Christine Angot et Mathilde Monnier dans La Place du Singe © Marc Coudrais

Et quand écriture et danse se mêlent, c’est de la dynamite sur scène, surtout quand l’auteure se nomme Christine Angot et la chorégraphe Mathilde Monnier. Ensemble, elles présentent La Place du Singe, le mardi 13 mars au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles dans le cadre de FranceDanse Europe, un panorama de la danse contemporaine, tandis qu’Angot parlera de son œuvre la veille. Âmes sensibles s’abstenir !

« La question du bonheur n’est pas la même pour tout le monde. Ca c’est sûr. » Cette première phrase que Christine Angot (ré)cite dans La Place du Singe après avoir longuement balayé la salle du regard et s’être placée au centre de la scène, apparaît également en page 263 de son dernier roman Rendez-vous (1). Écrire sans pudeur les rapports incestueux qu’elle a vécus avec son père entre l’âge de 14 et 16 ans l’a poussée aux devants des médias, surtout à la sortie de son roman L’inceste, même si elle ne le décrit que dans les dernières pages du livre. Son écriture excessivement autobiographique est troublante par son honnêteté et dérangeante par sa véracité. C’est qu’elle ne mâche pas ses mots la môme Angot, et tout le monde s’en prend plein la gueule au passage : son ex-mari, ses amants, les personnalités connues et moins connues, les bourgeois, son père. Elle ne s’épargne pas non plus. Car si on peut qualifier son travail de narcissique, la force véritable de cet écrivain est son désir d’évoluer et d’aller le plus loin possible dans l’écriture de soi. Elle ne nie jamais l’action thérapeutique qu’elle entreprend à travers sa plume, tout en croyant avant tout dans la littérature, synonyme pour elle de vérité. Elle explique d’ailleurs dans L’inceste qu’« écrire n’est pas choisir son récit. Mais plutôt le prendre, dans ses bras, et le mettre tranquillement sur la page, le plus tranquillement possible, le plus tel que possible » (2). Fidèle à elle-même, Angot se présente nue face au public, s’auto-analyse et s’observe à travers l’œil de l’autre, comme elle le fait dans Sujet Angot, une mise en roman d’une lettre de son ex-mari, Claude. Polémique et interminablement discutable, le « sujet Angot » fascine. Débat à suivre donc avec Christine Angot, le 12 mars prochain, sous la houlette de Gilles Collard, directeur de la revue d’art et de littérature Pylône.

Reality Literature ?
Tout s’entremêle dans l’œuvre de Christine Angot, elle parle de La Place du Singe dans Rendez-vous, cite ce dernier dans la pièce, montrant de façon explicite à qui ne l’aurait pas remarqué que le vieux banquier du roman est également le bourgeois de la pièce. Le lecteur/spectateur se retrouve ou se perd entre réalité et fiction. J’étais d’autant plus troublée que j’ai visionné La Place du Singe et lu Rendez-vous à Montpellier, ville parmi les nombreux décors importants de la vie de l’auteure et où est planté le Centre Chorégraphique de la chorégraphe Mathilde Monnier. Expérience quasi surréaliste donc que d’entendre la voix de Christine Angot à travers le portable de Mathilde Monnier tandis que j’interrogeais cette dernière sur leur projet commun. Mais comment danse-t-on sur un texte ? « Sur un plateau », explique Monnier, « les danseurs sont en prise avec la musique, tandis qu’avec un texte, c’est plus une sorte de dialogue. Même si mon écoute est plus corporelle au début, j’entre dans le texte plus tard, sortant petit à petit de l’animalité, à travers l’humour et le chant. » Puis, il y a une chanson de Jean-Louis Murat, Qu'entends-tu de moi que je n'entends pas ?, que toutes deux chantent ensemble, « car il est essentiel de savoir ce que l’on entend de l’autre », ajoute Monnier.

Le récit décrit la bourgeoisie tout en étalant la vie des deux protagonistes. « Parler de soi est rare dans le milieu de la danse », reprend Mathilde Monnier. « Je n’aurais pas pu écrire sur moi-même, c’est plus intéressant quand c’est quelqu’un d’autre qui le fait. Une libération dans ce cas-ci ! Christine explique ce qu’est la bourgeoisie à ses yeux et offre une vue de l’extérieur. Moi j’ai grandi dans ce milieu et y ai passé plus de temps qu’elle. » Mais qui est le singe et a-t-il sa place dans la société ? « Le singe mime le bourgeois à la façon d’un clown, il se moque, c’est un peu comme le fou du roi, la bourgeoisie en a besoin. Il n’a pas sa place, sauf sur scène ou dans un zoo. »

La bourgeoise emprisonne, l’art libère
La scène est en effet une sorte de zoo avec un drapeau français et des tables que Monnier piétine et manipule dans sa chorégraphie. « Le drapeau représente les valeurs de la bourgeoisie et une certaine morale française qu’il véhicule. Les tables sont l’emblème de l’institution et de cette morale, mais il y a aussi la table de l’écrivain. » En poussant la table d’Angot, Monnier met en scène la fausse générosité du bourgeois – « cet acte hypocrite de donner et de reprendre. »

Dans La Place du Singe, Monnier et Angot dépassent la simple critique de la bourgeoisie et se dévoilent au public en tant qu’artistes et en tant que personnes. Une véritable confrontation entre création et thérapie. D’une part, le texte d’Angot fonctionne comme une bombe à retardement et résonne aux oreilles du public et de Monnier qui, d’autre part, se bat contre l’ensemble des contradictions décrites par l’auteure. C’est aussi leur propre vision de l’art qu’elles mettent en scène, sur papier et en question. « Être artiste pour moi », dit encore la chorégraphe, « c’est une manière de vivre. J’aurais été malade si je n’avais pas été artiste. C’est un peu une thérapie personnelle mais ce n’est pas un choix. On ne décide pas de grand-chose dans la vie. Quand j’étais petite, j’étais souvent malade, j’avais de l’asthme. Tout s’est arrêté quand j’ai commencé à danser. » Pour Mathilde comme pour Christine, l’art est par-dessus tout une raison de vivre. Bourgeois ou artiste, c’est un statut qu’on ne choisit pas. Et si l’un emprisonne, l’autre libère.

Canan Marasligil alias Ayse Erin, envoyée spéciale à Montpellier pour le BOZAR MAGAZINE de mars 2007

(1) Rendez-vous , Flammarion, 2006
(2) L’inceste, Le Livre de Poche, p.152.

Saturday, February 24, 2007

Chinese Classics

Monkeys trying to catch the moon, monks rescuing a temple on the top of a mountain, a single guy putting on a new door bell and experiencing its uselessness.... These are just a few themes of the Animated Chinese Classics I've been to see at the Anima 2007 film festival . Not a single word have come out of the characters' mouth, and the whole mise en scène was orchestrated by music, sometimes with good, sometimes with quite pitiful and sometimes with beautiful drawings. Especially the last short film which looked like living paintings... well, animated ink paintings. The naiveté of the drawings are not really made for today's impossible-to-satisfy-children, or PSP/Wii-generation if you prefer, but rather for dreamers like myself, adults or kids. It was indeed two exquisite, and funny hours, that made my child-soul go free, once again.

Wednesday, February 21, 2007

Grey sky and precious things

Brussels under a grey sky... that isn't something new. But having pinky pink thoughts and seeing through blue glasses, under a grey sky... that is quite amazing I must say. Add to this that our dear Tori will come near our grey Brussels to enchant our ears (and eyes... yes Tori, I think you are beautiful!) very soon... Then grey becomes the most precious thing.
What about Stacey's sweet voice making me dance with my beloved on a Wednesday morning on "It's too darn hot" ... Then you get a lot of red!
Hear you soon hot and precious ladies! Under a grey or any other sky...

Monday, February 19, 2007

Goran Bregović, Robin des bois des Balkans

Goran Bregović présente au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles une nouvelle composition : une prière de tolérance adressée aux prophètes de trois religions monothéistes. La rock star de Sarajevo se livre au BOZAR MAGAZINE avant d’envoûter la salle Henry Le Bœuf, le mercredi 25 avril, avec son légendaire Wedding and Funeral Band, l’Absolute Ensemble de Kristjan Järvi et un chœur de voix bulgares.

Né à Sarajevo d’un père serbe et d’une mère croate, Goran Bregović a laissé tomber ses études de violon au Conservatoire pour devenir la rock star des pays de l’Est, à la tête de son groupe Bjelo Dugme. « Bouton Blanc » pendant 15 ans, il compose par la suite les musiques de film de son compatriote Emir Kusturica, utilisant des sons traditionnels gitans et issus des Balkans. Les musiques traditionnelles d’Europe de l’Est ont longtemps été orchestrées et recomposées par des ensembles mélangés et classiques comme, par exemple, le Mystère des Voix Bulgares. Bregović élargit le concept en y ajoutant ses propres impulsions. En effet, ses compositions mélangent les polyphonies traditionnelles de Bulgarie aux sonorités d'une fanfare tzigane, d'une guitare et de percussions aux accents rock... Et les mauvaises langues de prétendre que s’il le pouvait, Goran Bregović s’approprierait la Neuvième de Beethoven... Laissons plutôt la parole au compositeur. Il nous parle de son processus de « non-création » et de son désir de partager avant tout sa musique avec le monde.

ENTRETIEN_______________________________________________

Goran Bregović, vous allez créer le 17 avril, à Athènes, une œuvre commandée par notre réseau ECHO (European Concert Hall Organisation), et ensuite dans neuf autres villes européennes, dont Bruxelles le 25 avril.. Expliquez-nous l’origine de ce projet ?
Je reprends comme point de départ de cette commande un précédent travail intitulé My heart has become tolerant (Mon cœur est devenu tolérant) et présenté pour la première fois au Festival de Saint-Denis, en juin 2002. J’y avais uni trois chanteurs des trois grandes religions monothéistes avec le chœur orthodoxe de Moscou, un ensemble à cordes du Maroc, et mes musiciens. Avec un thème : la réconciliation. J’y utilisais des musiques de traditions islamique, chrétienne et juive. Pour ECHO, je vais écrire trois lettres aux prophètes, repartant de ce même thème qu’est la tolérance.

Pourquoi avoir choisi pour titre Forgive me, is this the way into the Future ? (Pardonne-moi, est-ce bien la voie vers le furur)
J’ai réfléchi à la manière dont nous voyons notre futur. J’ai alors décidé de faire cette petite liturgie, ni religieuse, ni blasphématoire. Comme pour My heart has become Tolerant, j’espère que le public rêvera à un monde idéal le temps d’un concert…

Vous êtes passé par des styles de musique très différents durant votre carrière, à commencer par le rock, dont on sent encore l’influence dans vos compositions actuelles. Comment gérez-vous cela ?
J’ai monté mon premier groupe à seize ans. À l’époque, le rock tenait un rôle capital dans notre vie. C'était la seule possibilité que nous avions de faire entendre notre voix, d'exprimer publiquement notre mécontentement, sans risquer de nous retrouver en prison. Mais j’aime en effet changer de styles musicaux, un peu comme je change de vêtements chaque jour. Ma musique porte différents costumes.

Faites-vous passer certains messages plutôt que d’autres selon le style de musique ?
La musique vous permet de dire tout ce que le langage ne permet pas. C’est ainsi que je communique avec le monde, et je compte continuer dans cette direction.

Les mêmes rythmes reviennent dans vos différents titres, depuis Bjelo Dugme jusqu’à vos plus récentes compositions. Certains disent que vous ne créez pas, que leurs répondez vous ?
Que je ne suis pas Dieu, et qu’en effet je ne crée pas.

Vous partez beaucoup des musiques traditionnelles, des Balkans notamment…
Oui, je vole dans la tradition. Être artiste n’est pas un travail moral, vous volez toujours. Je compose, réarrange, j’ajoute quelque chose de moi-même, mais je ne crée pas. Je partage ensuite ma musique avec les autres.

Vous êtes originaire de Sarajevo, région sortie d’une guerre très difficile il y a à peine 11 ans, et culturellement très mélangée. Votre musique exprime-t-elle cette mixité ?
Oui. Je viens d’un lieu musicalement éclectique, à la frontière entre orthodoxes, catholiques et musulmans. Aujourd’hui, j’aimerais retourner dans ces régions pour présenter le projet ECHO.

Vous avez jusqu’ici travaillé avec de nombreux artistes de renommée internationale comme Iggy Pop, Ofra Haza, Sezen Aksu ou encore Cesaria Evora. Que vous ont apporté ces collaborations ?
Ce sont des gens à qui j’aurais en temps normal demandé un autographe. Vous savez, je ne suis pas un gars du show-business, et ils le savent. Je me suis donc dit, si tu veux travailler avec ces gens, demande-leur. C’est ce que j’ai fait, et j’ai une belle collection d’autographes à ce jour…

Au départ, vous étudiez le violon au Conservatoire. Pourquoi avoir finalement choisi la guitare ?
Parce que les guitaristes ont plus de succès auprès des filles !

Le public bruxellois aura-t-il le plaisir d’écouter vos compositions de films qui ont fait votre succès ?
Ce n’est pas prévu pendant le concert, mais certainement lors du rappel !

Propos recueillis par Canan Marasligil alias Ayse Erin, pour le BOZAR MAGAZINE d'avril 2007.

Tuesday, February 13, 2007

Choices

It is sometimes hard to make choices, even when one knows what he or she wants.
Almost one year ago, the first time I fell asleep in my now beloved arms (the first time I ever fell asleep in someone's arms so peacefully), I remember having asked him a question I then thought was very difficult to answer to. It was dawn and I was afraid to look into his eyes but finally chose to do so and I asked, "What do you want in life?" I didn't know it then, but I was actually asking it to myself. He simply said "I want to live". It took me some time to realize it myself, but I certainly felt the same.
Right now, I need to make some choices in my professional life, to be able to go on, to make my dreams come true, to rise... to live.
Close or faraway, no matter how or when or where, if there's one thing I'm sure of, is that I want to live. And I would certainly add: with the man in whose arms I fall asleep so peacefully every single night.

Monday, February 12, 2007

Baudelaire's Albatross

L'Albatros

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

À peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

Charles Baudelaire Les Fleurs du mal

Click on the following link for the English translations: http://fleursdumal.org/poem/200

The First Time

They say the first time is the most important of all, especially for a girl. Honestly, I don't even remember how mine was, and believe me, I am a sensitive girl. I guess I can be happy to remember with whom it was at least... First time on a blog, I should remember this one. Everything I'm going to post here is supposed to stay, as long as I don't decide to delete it. Well, deleting memories is quite the same isn't it? You only keep what you feel is "necessary", not to say vital. Let's see how it feels like to share it now.